Vivre au rythme des saisons en Suède, ce n’est pas juste une expression. C’est une réalité que j’ai (re)découverte depuis mon arrivée à Malmö en septembre. Parce qu’en France, ça faisait des années que je n’avais pas vraiment vécu l’automne.
Quand je suis arrivée en septembre, c’était officiellement le début de l’automne. Mais on avait encore un reste d’été : soleil, chaleur, terrasses pleines. Puis, au fur et à mesure, j’ai vu le temps changer. Les arbres ont commencé à jaunir. Les feuilles sont tombées, progressivement. La lumière a décliné, jour après jour. La pluie s’est installée, le vent aussi.
J’ai vécu l’automne. Vraiment. Avec son mood, son ambiance, ses petits désagréments et sa beauté mélancolique.
L’automne que j’avais oublié
En France, j’ai l’impression qu’on passe de l’été à l’hiver sans transition. Il fait chaud jusqu’en octobre, puis d’un coup, il fait froid. Les arbres perdent leurs feuilles de façon tellement subite. On ne vit plus les saisons, on les subit.
Ici, c’est différent. L’automne s’installe lentement, comme une invitation à ralentir. Les jours raccourcissent de manière progressive. Désormais à 15h, il fait nuit noire. Les gens ajustent leur rythme naturellement. On rentre plus tôt, on allume plus de bougies, on cuisine davantage.
C’est un vrai mood automnal. Et ça m’avait manqué.
Une philosophie du temps
Ce qui me frappe, c’est à quel point les Suédois vivent littéralement au rythme des saisons. Ce n’est pas qu’une adaptation pratique au climat, c’est une philosophie du temps.
En hiver, ils sont à l’intérieur. Ils s’invitent à dîner les uns chez les autres. Ils créent une vie sociale intime, chaleureuse, autour de repas et de soirées cocooning. Ce n’est pas une fuite du froid, c’est une manière d’y répondre. Le bonheur devient discret, tissé dans les petits gestes du quotidien : les bougies, les lampes, le bois blond, les couvertures. Tout ça n’est pas du décor, c’est une réponse sensorielle à la nuit qui s’installe.
Et en été ? Tout explose. Les gens sont dehors, constamment. Les cafés débordent, les villes se vident pour les maisons d’été (les sommarstugor). Les jours ne se terminent plus. Les visages se détendent. La vie reprend dehors, comme une libération collective.
Obéir à la nature plutôt que la combattre
En France, on a tendance à vouloir vivre la même vie toute l’année. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, on est dehors. On maintient le même rythme social, les mêmes sorties, les mêmes habitudes. Peut-être parce qu’on aime socialiser. Ou peut-être parce qu’on refuse de se plier aux contraintes climatiques.
Ici, c’est l’inverse. On ne lutte pas contre la nature, on vit avec elle. On lui obéit, humblement. Inspirer en été, expirer en hiver.
Cette manière d’habiter le temps donne au pays un rythme de respiration. Une sorte de sagesse organique, presque archaïque. Et moi, je trouve ça beau. Parce qu’au fond, vivre au rythme des saisons, c’est accepter que tout ne peut pas être pareil tout le temps. Que certaines périodes appellent le repli, d’autres l’ouverture. Que la vie n’est pas linéaire, elle est cyclique.
L’arrivée au moment de la bascule
Je suis arrivée en Suède à la fin de l’été, juste au moment de la bascule. Là où l’automne ferme doucement les rideaux sur la lumière. (Enfin, façon de parler. Parce que comme je l’évoquais dans mon article sur les rideaux, des rideaux fermés, ici, ça n’existe pas.)
Et je me sens chanceuse d’observer cette transition. De sentir le pays ralentir. De voir les gens ajuster leur vie à la disparition progressive du soleil. C’est une leçon d’humilité face aux éléments. Une leçon que je n’aurais jamais apprise en restant en France.
Vivre au rythme des saisons en Suède, ce n’est pas subir le climat. C’est danser avec lui.
With Love, Christabel
