Quand le cœur et la raison ne parlent pas la même langue, c’est le dilemme dans La Sœur à la Perle. Il y a des moments où un personnage de fiction te confronte à des questions que tu préférais éviter. Pour moi, ça a été Kitty Mercer.
Kitty, c’est l’arrière-arrière-grand-mère de CeCe. Comme je l’évoquais dans mon article sur la saga des Sept Sœurs, l’une des particularités de Lucinda Riley, c’est qu’elle fait toujours des allers-retours entre le présent et des tranches d’histoire. Dans le tome 4, CeCe part en Australie pour découvrir ses origines et tombe sur l’histoire de Kitty, une jeune femme qui, des décennies plus tôt, a dû choisir entre deux frères jumeaux.
Et en lisant son histoire, je me suis surprise à la comprendre. Moi qui ai des principes solides sur la fidélité et l’engagement. Moi qui considère l’adultère comme une trahison. Je me suis surprise à comprendre Kitty. Pas à cautionner. À comprendre.
L’histoire est simple, presque banale. Kitty rencontre deux frères jumeaux. Andrew et Drummond. Physiquement identiques, mais radicalement opposés en tempérament. Andrew est sérieux, terre-à-terre, l’héritier du business familial. Drummond est un esprit libre, aventurier, léger.
Son cœur choisit immédiatement. Drummond. Celui avec qui elle se sent vivante.
Je la fais courte mais Drummond part en voyage et Andrew reste. Il fait sa demande en mariage. Rapidement. Correctement. Et Kitty dit oui. Pas par calcul. Pas parce qu’elle n’aime pas Drummond. Juste par… logique. Il y a un homme qui t’aime, qui te demande en mariage, qui fait bien les choses. Tu l’épouses. C’est aussi simple que ça.
Sauf que ce n’est jamais aussi simple.
Puis, des années passent. Kitty est mariée, elle a un enfant. La vie suit son cours. Quand il a appris que Kitty avait épousé son frère, il est resté loin. Pendant des années.
Puis un jour, Andrew part en voyage. Un long voyage. Et Drummond revient. Et avec lui, tout ce que Kitty avait enterré. Ce cœur qu’elle avait forcé à se taire. Ce désir qu’elle avait rangé dans un coin de sa tête sous l’étiquette “bon choix raisonnable”.
Et c’est là que tout bascule.
J’ai alors vu ton âme ; j’ai vu qu’elle était libre comme la mienne, affranchie des conventions. J’ai vu une femme que je pouvais aimer.
En lisant cette partie du livre, j’ai ressenti un malaise. Parce que Kitty finit par céder. Elle et Drummond cèdent à cet amour qu’ils avaient enterré. Et techniquement, c’est de l’adultère. Techniquement, c’est une trahison.
Mais en même temps, je ne pouvais pas la juger aussi simplement. Parce que l’adultère n’est pas le problème. C’est la conséquence. La conséquence d’un conflit jamais résolu. D’un cœur qu’on a forcé à se taire. D’une raison qu’on a laissée décider seule. Le vrai dilemme, c’est celui-ci : qu’est-ce qui se passe quand on choisit la raison contre son cœur, et que des années plus tard, le cœur refait surface ?
Il est comme la lumière du jour ; Mister Andrew est sombre, comme la terre. Tous les deux des hommes bons, juste différents.
Kitty n’a pas fait un mauvais choix en épousant Andrew. Andrew est un bon mari. Un bon père. Attentionné. Responsable. Sur le papier, c’est le choix raisonnable. Mais le cœur, lui, n’obéit pas au papier. Le cœur ne fonctionne pas avec des “il faut” et des “il ne faut pas”. Il bat, il ressent, il aime. Et quand tu lui demandes de se taire pendant des années, il n’oublie pas. Il attend.
Dans la vie d’adulte, la société nous pousse à faire primer la raison. Parce que la raison, c’est ce qui maintient l’ordre. C’est ce qui permet de construire des choses solides, d’éviter le chaos. Mais le cœur ? Le cœur est indomptable. Et Kitty, des années plus tard, se retrouve face à une vérité qu’elle avait toujours pressentie mais qu’elle avait ignorée. Une vérité qui remet en question tout ce qu’elle a bâti.
Je ne cautionne pas l’adultère de Kitty. Mais je comprends le dilemme qui l’a menée là. Parce qu’au fond, qui n’a jamais ressenti cette tension ? Ce moment où le cœur dit oui et la raison dit non. Où le devoir tire d’un côté et le désir de l’autre. Moi-même, combien de fois ai-je choisi la raison contre mon cœur ? Des études que j’ai poursuivies parce que c’était logique. Des décisions que j’ai prises parce que c’était raisonnable. Et des années plus tard, ce sentiment étrange : et si j’avais écouté mon cœur ?
Ce que Kitty me montre, c’est que certaines erreurs sont en réalité des vérités profondes qu’on n’ose pas affronter.
La question devient vertigineuse : comment réconcilier cœur et raison quand on est chrétienne ? Comment naviguer dans ces eaux troubles sans perdre son âme ? La réponse, je crois, se trouve dans la soumission. Pas la soumission aux convenances. Pas la soumission à ce qui est “bien vu”. La soumission à Dieu.
“Confie-toi en l’Éternel de tout ton cœur, et ne t’appuie pas sur ton intelligence ; reconnais-le dans toutes tes voies, et il aplanira tes sentiers.” (Proverbes 3:5-6)
Cela signifie que nous ne devons ni idolâtrer notre cœur, ni idolâtrer notre raison. Nous devons laisser Dieu les façonner, les transformer, les réaligner sur Sa volonté. Ce n’est pas facile. C’est une tension à vivre. Mais c’est là que réside la vraie liberté : dans une dépendance totale à Celui qui est à la fois vérité et amour.
Parce que le cœur sans Dieu peut nous égarer. Et la raison sans amour peut nous tuer.
Je ne suis pas Kitty. Je n’ai pas vécu son histoire. Mais elle me rappelle que les choix qu’on fait par bon sens ne sont pas toujours les bons. Que parfois, enterrer son cœur ne le fait pas mourir. Ça le met juste en sommeil. Et que la clé, ce n’est pas de choisir entre cœur et raison. C’est de soumettre les deux à Celui qui sait mieux que nous ce dont nous avons vraiment besoin.
With Love, Christabel
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